Voici en exclusivité : Les cris de l'ignorance.
Le premier chapitre : Routine
Le second chapitre : Refrain violent
La porte d’entrée se trouvait juste en face de moi. Elle me paraissait bien grande et distinguée. Était-ce le fruit de mon imagination ou tout simplement la peur d’entamer une discussion longue et sérieuse avec mes parents ? Je ne savais pas, mais plus le temps s’écoulait et plus mon cœur battait la chamade. Mes jambes tremblaient à un rythme s’accordant aux claquements de mes dents. La sueur commença à gagner mon visage et les crampes d’estomac commencèrent elle aussi à faire leur effet.
« - Il faut que je fasse preuve d’assurance et que j’entre. Murmurai-je. »
Je tendis mes bras et cramponna le poignet de mains fermes. Mes mains tremblaient de plus en plus vite. Néanmoins je pris sur moi et ouvrit la porte d’entrée d’un coup sec. Lorsque celle-ci fut grande ouverte, je me suis replongé dans mon univers à moi, celui que j’aime tant.
Tous les sons s’isolèrent pour n’entendre que le battement d’aile des oiseaux volant loin dans le ciel. Les fines couches de lumière venaient les éclairer. Soudain, le paysage qui m’entourait commença à s’effacer. Tout devenu noir et plus aucun son ne rentra dans mes tympans. Le calme plat. Après ça, une lumière se dressa devant moi s’approchant peu à peu et je quittai mon monde.
À ma grande surprise, je n’entendais pas mes parents se disputer. C’était la première fois depuis des lustres que le calme n’avait pas régné sur l’ensemble de la maison. En revanche, cela ne me réjouissait pas. J’avais surement tort de le prendre comme ça, surtout que la situation parfaite pour parler à mes parents se présentait. Néanmoins, la peur continua de m’envelopper. Pourquoi n’entendis-je pas les disputes quotidiennes.
Je me conduisis donc dans la salle à manger mais pour une raison que j’ignorai, mes parents ne s’y trouvaient pas. La maison était déserte. C’est donc dans l’ignorance totale que je montai les marches des escaliers pour me rendre dans ma chambre.
Tout à coup, j’entendis des bruits. Je continuai de monter les escaliers puis la porte d’entrée s’ouvrit, claquant contre le mur. Il n’était pas compliqué de savoir qui était rentré. Une entrée violente suivi d’injures, ça ne pouvait être que mes parents.
« - C’est bon, tu as fini ?! Hurlais mon père.
- Non là y en a marre. Si tu n’es pas capable de prendre des responsabilités, la porte est grande ouverte ! Répliqua ma mère en prenant le même ton.
- Tu es bien placée pour parler ! Continua-t-il.
- Comment ça je suis bien placée ?! Répondit-elle.
- Ho ça va, fais pas l’ignorante ! Rajouta mon paternel.
- Qu’est-ce que tu essaies de me dire là ? Non mais tu ne t’es pas vu dans le miroir ? Gronda-t-elle.
- Et puis quoi encore, il te faut une lettre recommandée pour comprendre ce que je te dis maintenant ?! Se moqua-t-il »
Sur cette scène répétitive, je restai immobile sur les marches de l’escalier reliant ma chambre aux autres pièces. Cette dispute ne s’en finissait pas. Et encore c’est que c’est tous les jours le même disque. Mais je me dis que ça pourrait être pire, c’est vrai et puis cette situation ne m’arrive pas qu’à moi. Si c’est le cas, c’est vraiment que je suis maudit.
« - Non je ne te comprends pas, j’en ai marre de tes enfantillages ! Cria ma mère, à bout de nerf.
- À bout de nerf ? Et moi qu’est-ce que je devrai dire ? Continua-t-il.
- Toi tu n’as rien à dire ! Coupa-t-elle.
- Comment ça je devrai me taire. Rajouta mon père.
- Tu ne vas pas me faire croire que tu fais quelque chose de tes journées. À part boire ou crasser sur les autres tu ne sais rien faire. Sortit ma mère d’un coup sec. »
Je fermai les yeux et essaya d’isoler les sons qui m’entouraient. Je retournai dans ma bulle pour fuir mon quotidien.
« - Bon cette fois-ci il y en a marre, tu prends la porte et si tu n’es pas content c’est comme ça. Continua-t-elle.
- Je rêve ou tu veux que je quitte la maison ? Demanda-t-il.
- C’est bien tu as réussi à comprendre sans avoir eu recours à la compétition. C’est que papa enchaîne les progrès. S’exprima ma mère. »
D’un seul coup, mon monde se referma pour la première fois. Était-ce suite aux tensions entre mes parents ?
« - Ça suffit maintenant, tu t’en vas et sur le champ. Hurla-t-elle.
- Bon là j’en ai marre ! Dit mon père d’une attitude assez posée.
- Là pour une fois on est d’accord. Répondit ma mère en rogne. »
Et là, un bruit guetta mon attention. D’où pouvait-il bien provenir ? Je n’en croyais pas mes yeux, mon père venait de frapper ma mère la propulsant au sol. Sur ces gestes, je me retournai et précipitai vers ma chambre. Par manque de vigilance, mon pied glissa sur une marche et je chutai des escaliers. Un moment, je vis en moi ce petit côté imaginaire que j’adorai. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait mais la seule chose dont j’étais sûr, c’était ma glissade sur une marche.
Après cette mégarde, je me retrouvai allongé au sol, baignant dans mon inconscience et dans mon rêve.
Le troisième chapitre : Inconscience amère
C’était bien mon jour de chance. Chuter dans les escaliers de la maison bêtement. Si j’aurai su, je n’aurai pas manqué de prudence, quelle honte. En tout cas, cette inconscience n’était pas complètement inutile. En effet, grâce à elle je fus plongé dans mes pensées, un monde à moi, différent de l’autre, certes, mais tout aussi agréable. Un long moment de silence et de sensation paisible. Je me sentais libre comme l’air, on aurait dit que je flottais dans l’espace. Autour de moi, une énorme lumière accompagnant un jolie paysage futuriste. La végétation était si belle qu’elle attirait mon regard m’aveuglant sur ses alentours. Je me demandais si mes parents s’inquiétaient de ma chute ou s’ils continuaient leurs chamailleries. Mais bon, peu importe la situation, penser à eux seraient surement la dernière chose que je souhaiterai faire. Un monde comme celui-ci n’est pas une chose que l’on peut voir tous les jours. Autant en profiter et savourer ce doux moment.
Je ne savais pas où donner de la tête, un regroupement de couleur pur et éblouissant. C’est bien de vouloir déguster un moment pareil mais encore faudrait-il savoir par où commencer.
« - Réveilles toi ! Cria une voix. »
D’où pouvait bien provenir cette voix ? Ce monde où je me trouvais était désert, pas un seul rat. À moins que les oiseaux sachent parler, je ne vois pas qui aurait pu prononcer ces mots. En tout cas, peu importe sa provenance, je continuai de contempler ce magnifique décor. Je planai dans les cieux et vis les oiseaux voler en groupe. Je bougeai les bras au même rythme que les ailes de ces volatiles pour les suivre. Puis je quittai ces derniers pour me rendre sur la terre ferme. Je pus voir l’immensité de la verdure qui s’étendait à des kilomètres. Les fines couches divines de lumière provenant des rayons du soleil illuminaient tous ces végétaux. Je me déplaçai pour visiter cet étrange endroit quand soudain, des mots surveillèrent mon attention, les mêmes que l’autre fois.
« - Réveilles toi ! Continua cette voix. »
Cette voix continua d’exister. Mais j’étais tellement bien dans l’espace qui m’entourait que ce son se fondait dans le décor. Quelle sensation agréable, cela changeait belle et bien des ennuis. Tout en marchant sur la verdure de l’espace, je m’alléchais aux odeurs voisines. Un mélange de pain et de miel venait gagner peu à peu mes narines. On aurait dit qu’une vielle maison de pain d’épice mijotait un ragoût à base de miel. D’ailleurs, cette senteur me donna de plus en plus en vie de titiller mes papilles gustatives et fit gronder mon ventre. J’avais une faim de loup et c’est justement pour cette raison que je me mis à courir en direction de ce mélange d’odeur.
« - Réveilles toi ! Haussa-t-elle. »
Une fois encore, je me creusai la tête pour en savoir davantage sur cette mystérieuse voix. D’ailleurs, à ce moment, un oiseau s’arrêta devant moi et commença à me parler.
« - Qu’est-ce que tu fais à rester planter, tu n’as pas compris qu’on t’appelait ? Dit le petit volatile.
- Co… Comment… Hésitai-je.
- Non tu ne rêves pas, je suis bien en train de te parler. Continua-t-il.
- Tu as dit qu’on m’appelait… Répondis-je.
- Tu n’entends pas cette voix qui crie depuis tout à l’heure ? Questionna l’oiseau.
- Oui mais pourquoi tu me parles de ça ? Demandai-je
- Pourquoi cette voix hurle-t-elle comme ça selon toi ? Tu crois qu’elle implore le bon dieu comme un taré ? S’énerva le volatile. »
Cet oiseau commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. J’aurai bien pris la clé à molette pour l’assommer tellement il m’énervait. Déjà que parler à un pigeon c’est anormal et en plus il faut qu’il me crie dessus en fichant de moi. Qu’essayait-il de me dire derrière son bec, il me semblait bien mystérieux.
« - Mais pourquoi tu me parles de ça à moi ? Continuai-je.
- Tu ne comprends toujours pas ? Tu es long à la détente mon garçon. Rigola-t-il.
- Tu veux dire que cette voix m’est destinée ? Répondis-je impressionné.
- Alléluia, tu as enfin compris quelque chose à toute cette miséricorde. Ricana l’oiseau bêtement avec son ton narquois.
- D’accord mais qu’est-ce que je dois faire pour le coup ? Demandai-je.
- Tu attends et tu te mets le doigt dans le nez… Continua-t-il.
- C’est quand que tu arrêteras de te moquer de moi ? Dis-je
- Un jour… Mais si je fais ça, c’est pour ton bien. As-tu déjà vu un oiseau comme moi parler avec un humain comme toi ? Répondit le volatile
- Heu… Non. Hésitai-je.
- Bien que peux-tu en déduire ? Ajouta-t-il.
- Que je suis en train de perdre la tête ? Proposai-je.
- Il n’est pas question de ça, imbécile. Rouspéta l’oiseau.
- Je suis en train de rêver ! Affirmai-je.
- Bien maintenant tu sais ce qu’il te reste à faire, adieu. Continua-t-il avant de partir. »
Je compris enfin ce que l’oiseau essayait de me dire. Tout ce qui m’entourait était donc le fruit de mon imagination. C’est bon je me souviens maintenant. J’avais assisté à une dispute parentale plus violente que les autres fois et j’ai chuté dans les escaliers menant à ma chambre. Donc si je suis en train de rêver, il faut que je me réveille.
Finalement, cet oiseau de malheur m’aura bien aidé, même si j’aurai quand même eu envie de l’assommer et mettre fin à ses aires sournoises. Ainsi, ayant la solution devant moi, je me réveillai pour regagner la maison. Mais à ma grande surprise, mes parents étaient là, calmement, devant moi.
« - C’est bon, tu es réveillé ? Questionna ma mère.
- Heu oui… Répondis-je.
- Bien ! Dit mon père levant sa main droite. »
Moi qui étais surpris de les voir devant moi, j’étais d’autant plus surpris de voir mon père me gifler comme ça.
Les cris de l’ignorance
Le premier chapitre : Routine
Spoiler :
- Chapitre 1 -
L’ignorance… Une sensation de désolation et de torture ouvrant les portes de l’enfer à tous ceux qui ont la malchance de la subir. Une amertume pleine d’injustice et de haine pouvant mettre fin au bonheur de l’homme. Jusqu’où cette abomination peut bien nous mener ? Est-ce un crime de vouloir être normal ?
Moi, Sacha, je vais vous raconter mon histoire. Je suis l’héritier du désespoir et j’ai 13 ans.
Au matin, après un sommeil doux et paisible, je me levai de mon lit pour rejoindre la salle à manger située juste en dessous de ma chambre. Comme à mon habitude, je pris le temps de descendre les marches des escaliers pour contempler mes parents s’injurier. Cette attitude n’était pas très surprenante de leur part puisque c’était pour moi la routine matinale. Des disputes journalières et une invisibilité permanente pour eux. Je sorti donc de la maison pour me rendre chez Killian, mon meilleur ami et seul confident. Il savait que je n’étais qu’un mur chez moi et que mes parents préféraient s’affronter plutôt que d’assumer leur rôle de parents. Je lui ai toujours tout dit. Je passai la plupart du temps chez lui-même si la normalité en aurait voulu autrement.
« - Bonjour Sacha, encore des soucis avec tes parents ? Questionna le père de Killian.
- Oui… Puis-je venir chez vous ? Répondis-je.
- Bien sûr, vas-y entres. Killian est dans sa chambre tu n’as cas le rejoindre. Positiva-t-il pour me remonter le moral. »
Je franchis le seuil de la porte et restai immobile un moment. Le chagrin commençait à me gagner et au moment où une larme allait tomber, mon ami arriva.
« - Bonjour Sacha, tu vas bien ? Me demanda-t-il.
- Comme toujours mais bon, j’ai l’habitude. Acquiesçai-je.
- Maintenant que tu es là, tu veux voir ce que j’ai trouvé hier soir ? Continua Killian avec le sourire aux lèvres. »
Après avoir accepté, nous montâmes dans sa chambre pour voir ce qu’il voulait me montrer. Killian me demanda d’attendre un moment. Je n’avais pas compris la raison de son excitation mais sa trouvaille devait être intéressante pour le faire sauter au plafond. Quand il revint, il s’excusa de l’attente et tendit ses bras devant moi, les mains fermées. J’ignorais pourquoi il agissait de la sorte mais de toute évidence, ses mains n’étaient pas fermées pour rien. Lorsqu’il les ouvrit, je compris sa réaction. Je vis un petit oiseau blessé dans le creux de ses mains.
« - Où l’as-tu trouvé ? Questionnai-je.
- Je l’ai vu dans le parc voisin. Il était au pied d’un arbre et j’ai remarqué qu’il ne pétait pas la forme. J’ai donc pris l’initiative de le ramasser et de le ramener à la maison pour le soigner. Expliqua Killian.
- Comment comptes-tu t’y prendre pour le remettre sur pied, ou devrais-je dire sur pattes ? Continuai-je »
Mon jeune ami resta silencieux. Je suis sûr qu’il se demandait comment il pourrait bien faire pour aider ce pauvre petit volatile.
« - Je ne sais pas mais j’espère pouvoir compter sur ton aide. Répliqua Killian.
- Oui, il est évident que je vais t’aider. Le rassurai-je. »
Je n’ai pas pu refuser ça. À un moment, je me suis vu dans ce petit oiseau. En effet, inoffensif et faible face à son entourage. Cet oiseau semblait malheureux mais Killian ne pouvait pas comprendre ce sentiment d’injustice. Mais bon, j’ai répondu que je l’aiderai, et, ne pas le faire serait une trahison.
« - Bah alors Sacha, tu rêvasses ? Taquina mon meilleur ami. »
Décidément, Killian arrivait à décerner en moi ce petit moment d’évasion qui me permettait de me libérer un moment. Les bruits commençaient à s’étouffer et mon sourire commença à se tracer sur mon visage. Je me retrouvais dans ma bulle, mon univers à moi n’ayant plus à me soucier de quoi que ça soit. Un court instant qui ne demande qu’à être savouré et à nous emmener ailleurs.
« - Ho ! Sacha ! Haussa-t-il en me secouant mes épaules. »
Je ne fis aucun signe, rien du tout. J’étais tellement occupé à m’évader. Le rêve est une illusion fascinante nous montrant ce que l’on veut voir. J’aurai pu rester figé pendant des heures avec cette sensation de bonheur, un sentiment que je n’ai jamais ressenti. Mais malheureusement, tout à une fin. Je ne pouvais pas rester sur place comme ça, même si ça aurait été ma décision.
« - Tu es là ? Continua Killian. »
Après un court moment d’hésitation, je quittai mon univers.
« - Oui… Oui je suis là. Hésitai-je.
- Que faisais-tu ? Ajouta mon ami. »
Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne lui ai jamais dit que l’évasion vers un univers dû à mon imagination me portait une grande animation.
« - Rien du tout, j’étais perdu dans mes pensées. Répliquai-je.
- D’accord mais il serait peut-être temps que tu rentres chez toi tu ne crois pas ? Dit-il.
- Killian a raison, tu devrais rentrer chez toi. Interrompit son père. »
À ces mots, je sorti de la maison. Là encore, je prenais mon temps de me rendre chez moi pour contempler le paysage qui m’entourait.
Je demandais si je devais aborder une conversation avec mes parents sur la situation actuelle. Devrais-je leur expliquer ce que je pense de leur attitude ? Exprimer l’amertume qui m’enveloppe ?
Moi, Sacha, je vais vous raconter mon histoire. Je suis l’héritier du désespoir et j’ai 13 ans.
Au matin, après un sommeil doux et paisible, je me levai de mon lit pour rejoindre la salle à manger située juste en dessous de ma chambre. Comme à mon habitude, je pris le temps de descendre les marches des escaliers pour contempler mes parents s’injurier. Cette attitude n’était pas très surprenante de leur part puisque c’était pour moi la routine matinale. Des disputes journalières et une invisibilité permanente pour eux. Je sorti donc de la maison pour me rendre chez Killian, mon meilleur ami et seul confident. Il savait que je n’étais qu’un mur chez moi et que mes parents préféraient s’affronter plutôt que d’assumer leur rôle de parents. Je lui ai toujours tout dit. Je passai la plupart du temps chez lui-même si la normalité en aurait voulu autrement.
« - Bonjour Sacha, encore des soucis avec tes parents ? Questionna le père de Killian.
- Oui… Puis-je venir chez vous ? Répondis-je.
- Bien sûr, vas-y entres. Killian est dans sa chambre tu n’as cas le rejoindre. Positiva-t-il pour me remonter le moral. »
Je franchis le seuil de la porte et restai immobile un moment. Le chagrin commençait à me gagner et au moment où une larme allait tomber, mon ami arriva.
« - Bonjour Sacha, tu vas bien ? Me demanda-t-il.
- Comme toujours mais bon, j’ai l’habitude. Acquiesçai-je.
- Maintenant que tu es là, tu veux voir ce que j’ai trouvé hier soir ? Continua Killian avec le sourire aux lèvres. »
Après avoir accepté, nous montâmes dans sa chambre pour voir ce qu’il voulait me montrer. Killian me demanda d’attendre un moment. Je n’avais pas compris la raison de son excitation mais sa trouvaille devait être intéressante pour le faire sauter au plafond. Quand il revint, il s’excusa de l’attente et tendit ses bras devant moi, les mains fermées. J’ignorais pourquoi il agissait de la sorte mais de toute évidence, ses mains n’étaient pas fermées pour rien. Lorsqu’il les ouvrit, je compris sa réaction. Je vis un petit oiseau blessé dans le creux de ses mains.
« - Où l’as-tu trouvé ? Questionnai-je.
- Je l’ai vu dans le parc voisin. Il était au pied d’un arbre et j’ai remarqué qu’il ne pétait pas la forme. J’ai donc pris l’initiative de le ramasser et de le ramener à la maison pour le soigner. Expliqua Killian.
- Comment comptes-tu t’y prendre pour le remettre sur pied, ou devrais-je dire sur pattes ? Continuai-je »
Mon jeune ami resta silencieux. Je suis sûr qu’il se demandait comment il pourrait bien faire pour aider ce pauvre petit volatile.
« - Je ne sais pas mais j’espère pouvoir compter sur ton aide. Répliqua Killian.
- Oui, il est évident que je vais t’aider. Le rassurai-je. »
Je n’ai pas pu refuser ça. À un moment, je me suis vu dans ce petit oiseau. En effet, inoffensif et faible face à son entourage. Cet oiseau semblait malheureux mais Killian ne pouvait pas comprendre ce sentiment d’injustice. Mais bon, j’ai répondu que je l’aiderai, et, ne pas le faire serait une trahison.
« - Bah alors Sacha, tu rêvasses ? Taquina mon meilleur ami. »
Décidément, Killian arrivait à décerner en moi ce petit moment d’évasion qui me permettait de me libérer un moment. Les bruits commençaient à s’étouffer et mon sourire commença à se tracer sur mon visage. Je me retrouvais dans ma bulle, mon univers à moi n’ayant plus à me soucier de quoi que ça soit. Un court instant qui ne demande qu’à être savouré et à nous emmener ailleurs.
« - Ho ! Sacha ! Haussa-t-il en me secouant mes épaules. »
Je ne fis aucun signe, rien du tout. J’étais tellement occupé à m’évader. Le rêve est une illusion fascinante nous montrant ce que l’on veut voir. J’aurai pu rester figé pendant des heures avec cette sensation de bonheur, un sentiment que je n’ai jamais ressenti. Mais malheureusement, tout à une fin. Je ne pouvais pas rester sur place comme ça, même si ça aurait été ma décision.
« - Tu es là ? Continua Killian. »
Après un court moment d’hésitation, je quittai mon univers.
« - Oui… Oui je suis là. Hésitai-je.
- Que faisais-tu ? Ajouta mon ami. »
Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne lui ai jamais dit que l’évasion vers un univers dû à mon imagination me portait une grande animation.
« - Rien du tout, j’étais perdu dans mes pensées. Répliquai-je.
- D’accord mais il serait peut-être temps que tu rentres chez toi tu ne crois pas ? Dit-il.
- Killian a raison, tu devrais rentrer chez toi. Interrompit son père. »
À ces mots, je sorti de la maison. Là encore, je prenais mon temps de me rendre chez moi pour contempler le paysage qui m’entourait.
Je demandais si je devais aborder une conversation avec mes parents sur la situation actuelle. Devrais-je leur expliquer ce que je pense de leur attitude ? Exprimer l’amertume qui m’enveloppe ?
Le second chapitre : Refrain violent
Spoiler :
- Chapitre 2 -
La porte d’entrée se trouvait juste en face de moi. Elle me paraissait bien grande et distinguée. Était-ce le fruit de mon imagination ou tout simplement la peur d’entamer une discussion longue et sérieuse avec mes parents ? Je ne savais pas, mais plus le temps s’écoulait et plus mon cœur battait la chamade. Mes jambes tremblaient à un rythme s’accordant aux claquements de mes dents. La sueur commença à gagner mon visage et les crampes d’estomac commencèrent elle aussi à faire leur effet.
« - Il faut que je fasse preuve d’assurance et que j’entre. Murmurai-je. »
Je tendis mes bras et cramponna le poignet de mains fermes. Mes mains tremblaient de plus en plus vite. Néanmoins je pris sur moi et ouvrit la porte d’entrée d’un coup sec. Lorsque celle-ci fut grande ouverte, je me suis replongé dans mon univers à moi, celui que j’aime tant.
Tous les sons s’isolèrent pour n’entendre que le battement d’aile des oiseaux volant loin dans le ciel. Les fines couches de lumière venaient les éclairer. Soudain, le paysage qui m’entourait commença à s’effacer. Tout devenu noir et plus aucun son ne rentra dans mes tympans. Le calme plat. Après ça, une lumière se dressa devant moi s’approchant peu à peu et je quittai mon monde.
À ma grande surprise, je n’entendais pas mes parents se disputer. C’était la première fois depuis des lustres que le calme n’avait pas régné sur l’ensemble de la maison. En revanche, cela ne me réjouissait pas. J’avais surement tort de le prendre comme ça, surtout que la situation parfaite pour parler à mes parents se présentait. Néanmoins, la peur continua de m’envelopper. Pourquoi n’entendis-je pas les disputes quotidiennes.
Je me conduisis donc dans la salle à manger mais pour une raison que j’ignorai, mes parents ne s’y trouvaient pas. La maison était déserte. C’est donc dans l’ignorance totale que je montai les marches des escaliers pour me rendre dans ma chambre.
Tout à coup, j’entendis des bruits. Je continuai de monter les escaliers puis la porte d’entrée s’ouvrit, claquant contre le mur. Il n’était pas compliqué de savoir qui était rentré. Une entrée violente suivi d’injures, ça ne pouvait être que mes parents.
« - C’est bon, tu as fini ?! Hurlais mon père.
- Non là y en a marre. Si tu n’es pas capable de prendre des responsabilités, la porte est grande ouverte ! Répliqua ma mère en prenant le même ton.
- Tu es bien placée pour parler ! Continua-t-il.
- Comment ça je suis bien placée ?! Répondit-elle.
- Ho ça va, fais pas l’ignorante ! Rajouta mon paternel.
- Qu’est-ce que tu essaies de me dire là ? Non mais tu ne t’es pas vu dans le miroir ? Gronda-t-elle.
- Et puis quoi encore, il te faut une lettre recommandée pour comprendre ce que je te dis maintenant ?! Se moqua-t-il »
Sur cette scène répétitive, je restai immobile sur les marches de l’escalier reliant ma chambre aux autres pièces. Cette dispute ne s’en finissait pas. Et encore c’est que c’est tous les jours le même disque. Mais je me dis que ça pourrait être pire, c’est vrai et puis cette situation ne m’arrive pas qu’à moi. Si c’est le cas, c’est vraiment que je suis maudit.
« - Non je ne te comprends pas, j’en ai marre de tes enfantillages ! Cria ma mère, à bout de nerf.
- À bout de nerf ? Et moi qu’est-ce que je devrai dire ? Continua-t-il.
- Toi tu n’as rien à dire ! Coupa-t-elle.
- Comment ça je devrai me taire. Rajouta mon père.
- Tu ne vas pas me faire croire que tu fais quelque chose de tes journées. À part boire ou crasser sur les autres tu ne sais rien faire. Sortit ma mère d’un coup sec. »
Je fermai les yeux et essaya d’isoler les sons qui m’entouraient. Je retournai dans ma bulle pour fuir mon quotidien.
« - Bon cette fois-ci il y en a marre, tu prends la porte et si tu n’es pas content c’est comme ça. Continua-t-elle.
- Je rêve ou tu veux que je quitte la maison ? Demanda-t-il.
- C’est bien tu as réussi à comprendre sans avoir eu recours à la compétition. C’est que papa enchaîne les progrès. S’exprima ma mère. »
D’un seul coup, mon monde se referma pour la première fois. Était-ce suite aux tensions entre mes parents ?
« - Ça suffit maintenant, tu t’en vas et sur le champ. Hurla-t-elle.
- Bon là j’en ai marre ! Dit mon père d’une attitude assez posée.
- Là pour une fois on est d’accord. Répondit ma mère en rogne. »
Et là, un bruit guetta mon attention. D’où pouvait-il bien provenir ? Je n’en croyais pas mes yeux, mon père venait de frapper ma mère la propulsant au sol. Sur ces gestes, je me retournai et précipitai vers ma chambre. Par manque de vigilance, mon pied glissa sur une marche et je chutai des escaliers. Un moment, je vis en moi ce petit côté imaginaire que j’adorai. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait mais la seule chose dont j’étais sûr, c’était ma glissade sur une marche.
Après cette mégarde, je me retrouvai allongé au sol, baignant dans mon inconscience et dans mon rêve.
Le troisième chapitre : Inconscience amère
Spoiler :
- Chapitre 3 -
C’était bien mon jour de chance. Chuter dans les escaliers de la maison bêtement. Si j’aurai su, je n’aurai pas manqué de prudence, quelle honte. En tout cas, cette inconscience n’était pas complètement inutile. En effet, grâce à elle je fus plongé dans mes pensées, un monde à moi, différent de l’autre, certes, mais tout aussi agréable. Un long moment de silence et de sensation paisible. Je me sentais libre comme l’air, on aurait dit que je flottais dans l’espace. Autour de moi, une énorme lumière accompagnant un jolie paysage futuriste. La végétation était si belle qu’elle attirait mon regard m’aveuglant sur ses alentours. Je me demandais si mes parents s’inquiétaient de ma chute ou s’ils continuaient leurs chamailleries. Mais bon, peu importe la situation, penser à eux seraient surement la dernière chose que je souhaiterai faire. Un monde comme celui-ci n’est pas une chose que l’on peut voir tous les jours. Autant en profiter et savourer ce doux moment.
Je ne savais pas où donner de la tête, un regroupement de couleur pur et éblouissant. C’est bien de vouloir déguster un moment pareil mais encore faudrait-il savoir par où commencer.
« - Réveilles toi ! Cria une voix. »
D’où pouvait bien provenir cette voix ? Ce monde où je me trouvais était désert, pas un seul rat. À moins que les oiseaux sachent parler, je ne vois pas qui aurait pu prononcer ces mots. En tout cas, peu importe sa provenance, je continuai de contempler ce magnifique décor. Je planai dans les cieux et vis les oiseaux voler en groupe. Je bougeai les bras au même rythme que les ailes de ces volatiles pour les suivre. Puis je quittai ces derniers pour me rendre sur la terre ferme. Je pus voir l’immensité de la verdure qui s’étendait à des kilomètres. Les fines couches divines de lumière provenant des rayons du soleil illuminaient tous ces végétaux. Je me déplaçai pour visiter cet étrange endroit quand soudain, des mots surveillèrent mon attention, les mêmes que l’autre fois.
« - Réveilles toi ! Continua cette voix. »
Cette voix continua d’exister. Mais j’étais tellement bien dans l’espace qui m’entourait que ce son se fondait dans le décor. Quelle sensation agréable, cela changeait belle et bien des ennuis. Tout en marchant sur la verdure de l’espace, je m’alléchais aux odeurs voisines. Un mélange de pain et de miel venait gagner peu à peu mes narines. On aurait dit qu’une vielle maison de pain d’épice mijotait un ragoût à base de miel. D’ailleurs, cette senteur me donna de plus en plus en vie de titiller mes papilles gustatives et fit gronder mon ventre. J’avais une faim de loup et c’est justement pour cette raison que je me mis à courir en direction de ce mélange d’odeur.
« - Réveilles toi ! Haussa-t-elle. »
Une fois encore, je me creusai la tête pour en savoir davantage sur cette mystérieuse voix. D’ailleurs, à ce moment, un oiseau s’arrêta devant moi et commença à me parler.
« - Qu’est-ce que tu fais à rester planter, tu n’as pas compris qu’on t’appelait ? Dit le petit volatile.
- Co… Comment… Hésitai-je.
- Non tu ne rêves pas, je suis bien en train de te parler. Continua-t-il.
- Tu as dit qu’on m’appelait… Répondis-je.
- Tu n’entends pas cette voix qui crie depuis tout à l’heure ? Questionna l’oiseau.
- Oui mais pourquoi tu me parles de ça ? Demandai-je
- Pourquoi cette voix hurle-t-elle comme ça selon toi ? Tu crois qu’elle implore le bon dieu comme un taré ? S’énerva le volatile. »
Cet oiseau commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. J’aurai bien pris la clé à molette pour l’assommer tellement il m’énervait. Déjà que parler à un pigeon c’est anormal et en plus il faut qu’il me crie dessus en fichant de moi. Qu’essayait-il de me dire derrière son bec, il me semblait bien mystérieux.
« - Mais pourquoi tu me parles de ça à moi ? Continuai-je.
- Tu ne comprends toujours pas ? Tu es long à la détente mon garçon. Rigola-t-il.
- Tu veux dire que cette voix m’est destinée ? Répondis-je impressionné.
- Alléluia, tu as enfin compris quelque chose à toute cette miséricorde. Ricana l’oiseau bêtement avec son ton narquois.
- D’accord mais qu’est-ce que je dois faire pour le coup ? Demandai-je.
- Tu attends et tu te mets le doigt dans le nez… Continua-t-il.
- C’est quand que tu arrêteras de te moquer de moi ? Dis-je
- Un jour… Mais si je fais ça, c’est pour ton bien. As-tu déjà vu un oiseau comme moi parler avec un humain comme toi ? Répondit le volatile
- Heu… Non. Hésitai-je.
- Bien que peux-tu en déduire ? Ajouta-t-il.
- Que je suis en train de perdre la tête ? Proposai-je.
- Il n’est pas question de ça, imbécile. Rouspéta l’oiseau.
- Je suis en train de rêver ! Affirmai-je.
- Bien maintenant tu sais ce qu’il te reste à faire, adieu. Continua-t-il avant de partir. »
Je compris enfin ce que l’oiseau essayait de me dire. Tout ce qui m’entourait était donc le fruit de mon imagination. C’est bon je me souviens maintenant. J’avais assisté à une dispute parentale plus violente que les autres fois et j’ai chuté dans les escaliers menant à ma chambre. Donc si je suis en train de rêver, il faut que je me réveille.
Finalement, cet oiseau de malheur m’aura bien aidé, même si j’aurai quand même eu envie de l’assommer et mettre fin à ses aires sournoises. Ainsi, ayant la solution devant moi, je me réveillai pour regagner la maison. Mais à ma grande surprise, mes parents étaient là, calmement, devant moi.
« - C’est bon, tu es réveillé ? Questionna ma mère.
- Heu oui… Répondis-je.
- Bien ! Dit mon père levant sa main droite. »
Moi qui étais surpris de les voir devant moi, j’étais d’autant plus surpris de voir mon père me gifler comme ça.