Comment Japan Expo, qui a 20 ans, est devenu l’un des plus imposants salons de France 44a7c610

Passé de petite convention étudiante de 3 000 visiteurs à grande célébration de la pop culture japonaise en France, l’événement attire désormais 240 000 festivaliers.

Il est loin le temps où les premiers festivaliers arpentaient la cour de l’Epita, école d’ingénieurs du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) pour une kermesse estudiantine.

En vingt ans, Japan Expo, qui se tient du 4 au 7 juillet au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), est devenu le rendez-vous le plus important d’Europe en matière de pop culture japonaise. Aujourd’hui, plus de 240 000 visiteurs bravent la chaleur écrasante dans la bonne humeur pour assister à l’événement, à la croisée de la convention culturelle et de la foire commerciale ; soit 60 000 visiteurs en moyenne par jour. Un chiffre qui n’a pas à rougir face au très plébiscité Salon de l’agriculture, qui a reçu, cette année, 70 000 personnes par jour en moyenne.

De mémoire d’anciens, Japan Expo a toujours attiré du monde. « Au début il s’agissait d’un rendez-vous de passionnés à travers la France qui se connaissaient et discutaient manga, jeux vidéo et animes sur des forums et des tchats IRC. C’était une rare occasion de rencontrer, de se retrouver. Les créateurs viennent de la communauté des fanzines », se remémore Karim Talbi, qui a fait partie un temps de l’équipe d’organisation avant de devenir commissaire d’exposition free-lance pour le salon.

Un succès qui tranche avec les clichés folkloriques
En 2004, « c’était la folie ». Japan Expo, qui avait pris ses quartiers au CNIT près du quartier d’affaires de la Défense, n’était pas en mesure de faire entrer tous les visiteurs. La file d’attente avait atteint rapidement l’arche de la Défense. « C’était absurde, il y avait autant de gens dehors que dedans. C’est probablement la seule fois où ils ont dû refuser l’accès à des gens », ajoute Karim Talbi. C’est aussi à cette époque que commence à péricliter son principal concurrent : le festival Cartoonist.

Japan Expo devient trop gros et trop rentable pour une organisation associative qui se repose sur des centaines de bénévoles. Après une année sans édition, le festival s’agrandit et se délocalise au Parc des expositions de Villepinte en 2006. Et il se professionnalise : l’année suivante, Thomas Sirdey, Jean-François Dufour et Sandrine Dufour, les trois amis à l’origine du salon, s’associent en entreprise, SEFA Event, dont le chiffre d’affaires avoisine aujourd’hui 7 millions d’euros. La société emploie une équipe permanente d’une trentaine de personnes et quelque 300 saisonniers pour l’événement.

L’énorme succès de Japan Expo tranche avec l’image folklorique qui colle parfois à la peau des participants : celle d’otakus déguisés et de fans bruyants d’une culture de niche. « On a réussi à devenir les représentants d’un marché culturel invisibilisé, qui poursuit sa croissance et touche une large frange de la population », se félicite l’un des patrons, Thomas Sirdey.

Source : https://www.lemonde.fr/